Belin va bon train

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A 19 ans, l’athlète de Château-Thierry étrenne, ce dimanche aux championnats d’Europe, sa première cape internationale.
DANS sa chambre d’étudiante, au Creps de Reims, Mathilde prépare sereinement le premier grand rendez-vous de sa jeune carrière d’athlète. « Je stresse moins », avoue-t-elle comme pour s’en convaincre.
Le danger, elle le sait, serait de disputer son championnat d’Europe avant le coup de pistolet, dans sa tête, et de se présenter sans influx sur la ligne de départ de l’épreuve continentale.
Pour l’heure, son coach au pôle régional, Vincent Phélizot, l’aide à se préparer tranquillement. C’est au tout dernier moment qu’il lui fixera l’objectif à atteindre.
« J’attends d’elle qu’elle confirme son statut. Mathilde a terminé 3e du cross sélectif des Mureaux, elle est capable de faire mieux. Pourquoi pas une place de meilleure Française ? ».
Phélizot, comme d’habitude, ne néglige aucun détail : « Le parcours risque d’être boueux, mais elle s’adaptera. Mathilde est une vraie spécialiste de cross, grâce notamment à de solides appuis. Dans cette discipline, elle devance Mélanie Prudent, qui lui est pourtant supérieure sur la piste ».
Mathlide Belin a bien préparé ce court mais important déplacement à Bruxelles. « Elle est bien, reconnaît son entraîneur. Elle a bien travaillé lors de notre mini-stage aux Vieilles-Forges dans les Ardennes, puis elle a enchaîné sur une bonne semaine. Physiquement, elle est prête ».
Que peut-on attendre d’une compétition regroupant les meilleures Européennes ? « Qu’elle prenne du plaisir, qu’elle savoure. C’est un moment important de sa carrière, comme ce fut le cas de Simon Laurent récemment aux championnats du monde. Difficile d’estimer le niveau européen dans cette catégorie. Les Britanniques semblent être les favorites. Mathilde pourrait prétendre à une place dans le top 50. L’objectif de la DTN étant de terminer parmi les huit premières équipes ».


Mathilde, comment êtes-vous arrivée à ce niveau ?
« J’ai débuté par le cross au collège. Je suis la deuxième d’une famille de quatre filles. Mon père, Patrick, faisait du foot. Aujourd’hui, il entraîne les jeunes de l’AC Château-Thierry et notamment ma plus jeune sœur, Louise ».
Être entraînée par son père, est-ce un avantage ?
« En fait, je faisais partie d’un groupe qui était entraîné par mon père, et c’est différent. J’étais entourée de copines et tout se passait très bien ».
Quand avez-vous remarqué que vous aviez quelque chose de plus que les autres

« Au début, je n’étais pas parmi les meilleures. J’ai touché un peu à tout, sprint, lancers, sauts, mais j’ai vite été attirée par le demi-fond. Quand j’ai été championne de l’Aisne, puis de Picardie, on m’a fait comprendre que je pouvais encore progresser ».
Pourquoi avoir choisi d’intégrer le pôle régional ?
« Mon père m’en avait parlé. C’était une opportunité de mener de front études et athlétisme. Nous sommes venus visiter les installations et je me suis engagée ».


Comment s’est passée votre adaptation ?
« Au pôle, je m’entraîne avec un groupe très compétitif et on est presque obligé de progresser. Les séances de travail comme de récupération sont bien dosées. Après une bonne première année, la deuxième a été plus délicate. Aujourd’hui, ça va mieux. Sans doute aussi en raison de l’ambiance, très sympa, qui y règne ».

Qu’avez-vous changé dans votre entraînement ?
« La première année au pôle, je m’entraînais quatre fois par semaine.
On a ajouté une séance supplémentaire. Moi, j’aime l’entraînement. les cours, les journées sont longues. Retrouver l’ambiance du pôle me fait le plus grand bien ».

Ressentez-vous la pression ? Abordez-vous différemment la compétition ?
« De ce côté-là, ça va mieux, je suis en progrès. Avec l’habitude, le stress est moins fort. Je n’arrive pas encore à me décontracter complètement, il faut sans doute avoir un peu le trac pour bien faire ».
Avec ce championnat d’Europe, vous entrez de plain-pied dans le concert international. Qu’espérez-vous de cette course ?

« Je ne possède aucune indication concernant l’objectif. En cross, il faut se battre, seule la place compte. Je ne veux pas me prendre la tête ».
Votre performance vous a-t-elle surprise lors du cross de sélection aux Mureaux ?
« En fait, je suis partie avec l’intention de finir dans les six premières pour décrocher une place dans la sélection. J’ai fait toute la course avec les filles de tête. Je me sentais bien, pas nerveuse du tout. Ma seule obsession était de conserver ma place. Vers la fin, il y a une fille qui se détache et je termine à une seconde de la deuxième ».
Un résultat inespéré ou une suite logique ?
« Je n’en sais rien. En tout cas, ça me fait hyper plaisir et mon entourage semble ravi, et c’est très bien ».


La saison ne fait que commencer. Qu’espérez-vous pour la suite ?
« Il y a les autres rendez-vous de cross. Je ferai aussi un peu de salle, sur 1.500 m. L’ambition est de pouvoir courir vite sur 3.000 m cet été ».
Recueilli par Gérard Kancel

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