Claude ou « l’athlé des clubs »

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Claude Dogny, une passion toujours recommencée et qui dépasse les générations sur la piste de Château-Thierry (ici avec Axel et Hugo, deux de ses sept petits-enfants)

Le dirigeant castel défend une méthode qui marche. Pour preuve, l’hégémonie de son écurie sur le cross-country…

LE rituel est sacré et symbolique. A chaque fin de séance, les athlètes de l’AC Château-Thierry vont serrer la main de leur président-entraîneur, Claude Dogny, pour le remercier : « Avec le froid, c’est souvent plus dur pour lui… ».

Allergique à la lumière médiatique, l’ancien directeur d’école a aussi cette formule qui cerne le personnage : « Vous parlerez de moi quand j’irai plus vite que mes coureurs. Et ce n’est plus demain la veille… ».

Paroles (sans langue de sous-bois) d’un apôtre de l’athlé « des clubs » en opposition à celui des Pôles et de ses charges de travail : « Ce sont deux philosophies différentes. Notre objectif n’est pas de faire des Mehdi Baala en un an et demi mais des athlètes qui durent… ».

L’entraînement, Claude Dogny le conçoit avec le chrono mais aussi le VTT et le thermos de café. A l’ACCT, les générations se suivent, frappées du même sceau : « Chez nous, personne n’a la grosse tête. L’aspect humain prime… », insiste Romuald De Paepe, champion de l’Aisne 2007 et 2008 de cross.

Le jeune directeur d’école – lui aussi – est l’exemple-type d’une progression « sur la durée ». Longtemps à l’ombre de son leader Frédéric Trzeciak, l’instit a pris le relais : « Il mise sur moi mais ne me met pas non plus sur un piédestal… ».
L’esprit d’équipe d’abord, garçons et filles. Claude Dogny est « complètement humain », avec ses principes, ses s« réticences » à
l’élitisme, sa phobie du téléphone portable, « un fil à la patte à ma liberté », tranche-t-il.

Personne ne refera Claude Dogny, qui pourrait piquer une colère noire en lisant ces lignes. Pour crime de lèse bénévole soucieux d’anonymat… Evoquer l’ACCT et son président, c’est un peu remonter au fil des branches d’un arbre généalogique ; à cette « dream team » 3e des France de cross en cadets, au début des années 80. Le terreau d’une belle lignée. Des noms qui s’enchaînent comme ceux des Mousquetaires : Frédéric Trzeciak – « il avait été vacciné la veille et avait terminé 87e » – Fabrice Jonneau – sélectionné pour deux championnats du monde (cross et 2000 m steeple) – Fabrice Wolter, rival du futur « Olympique », Frédéric Cornette, Philippe Prongué, Stéphane Dogny…
Claude, le père, s’efface devant l’histoire, les onze titres de champion départemental de « Fred », l’éclosion freinée par les blessures d’Aloïs Moutardier, le retour de Nicolas Gosselin, la fidélité de José Bastos, les promesses de Mathilde Belin « bien entraînée à Reims par Vincent Phelizot » ou de ce « jeune qui lui plaît bien », Nicolas Tullier, capable d’aligner « 76 tours de piste lors d’une épreuve de solidarité » : « 29 km à 14 à l’heure… ».

Cet après-midi, aux Régionaux de Saint-Quentin, le dirigeant castel se multipliera encore, curieux voire inquiet de la performance de Romuald De Paepe : « Ou il est arrivé en forme trop tôt et va exploser pour terminer dans les 15 ou il a passé un palier… ». A 33 ans…

Vu par Frédéric Trzeciak

« Pas de grandes théories »

N° 1 axonais pendant plus d’une décennie, Frédéric Trzeciak l’avoue : « l’athlétisme, ce n’était pas (sa) passion », « C’est ma sœur qui m’a fait
venir à la discipline... ».

L’esprit Dogny a fait le reste : « Il y avait une bonne ambiance, j’aimais cet esprit famille... ».
« Claude connaît l’essentiel. Il sent l’athlé et n’a pas besoin des grandes et belles théories actuelles ».
L’homme possède le même « charisme » que l’entraîneur : « S’il est aussi aimé c’est parce que c’est un passionné, je l’ai déjà vu contrarié mais
jamais vraiment en colère. Il n’impose rien. Avant tout, c’est un ami. je ne dirais pas un père car il n’aimerait pas ça.

Mais il est certain qu’il a la fibre paternelle et cette fibre, il arrive
à la transmettre. Il fait preuve de beaucoup de pédagogie. Ça se voit qu’il a travaillé avec des petits... »

« C’est un grand gentil Trop peut-être... », conclut Fred le prof d’EPS qui à travers les résultats de Romuald DePaepe, sent la patte Dogny : « La méthode n’a pas changé et ça réussit à Romuald ».
n’a pas changé et ça réussit à Romuald.

Jean-Pierre Prault

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